Il est 19 h. C’est l’heure de fermer mon bureau et de rentrer chez moi. La journée a été belle et depuis la terrasse du chalet en bois où j’ai installé mon atelier, je contemple le coucher du soleil. Le crépuscule irradie l’horizon et le ciel se pare de couleurs incroyables. Ce cadre de travail me permet de produire des ouvrages de qualité. J’ai passé la journée sur la restauration d’une reliure du XVIIIe siècle. Le cuir est légèrement usé, mais je suis satisfait du résultat. Mon client doit passer récupérer son livre demain matin. J’imagine qu’il sera heureux de voir le résultat d’une cinquantaine d’heures de travail. Je caresse le maroquin rouge et les ornements du plat de devant. Je le repose délicatement, je mets mon manteau, j’éteins les lumières, je sors et après avoir fermé à clef mon chalet en bois, je prends la route au volant de ma voiture.
Mon atelier dans un chalet en bois
Sur le chemin du retour, je repense à mes premières années comme relieur dans un atelier parisien. J’ai toujours eu la passion des livres et des objets anciens. Le métier de relieur s’est imposé à moi naturellement. J’ai étudié au lycée professionnel Paul Cornu, à Lisieux. J’ai obtenu mon CAP et j’ai poursuivi par un Brevet des métiers d’art (BMA) Arts de la reliure et de la dorure. Ce n’est que bien plus tard que j’ai repris mes études pour passer mon diplôme des Métiers d’Art (DMA) Reliure-Dorure à l’École Estienne.
J’ai longtemps travaillé dans un atelier de la rue Liard, dans le XIVe arrondissement de Paris. Un jour, j’ai décidé de travailler pour moi et de créer mon atelier. Je suis venu m’installer dans une vieille maison de l’Orléanais, une région très plaisante où j’avais déjà des attaches sentimentales. J’ai commencé à travailler chez moi, mais très vite, les commandes sont arrivées et j’ai pris beaucoup de place dans le foyer. Comme je disposais d’un terrain constructible près d’Orléans, je me proposais d’y construire un atelier adapté, mais qui soit aussi économique. C’est là que j’ai découvert l’option du chalet en bois.
Les tarifs de abri de jardin m’ayant séduit, j’optais pour un modèle de chalet en bois à étage. Avec plus de 100 m² habitables, je pouvais aisément entreposer mes peaux et mes outils, installer un bel atelier et même un bureau agréable où je recevais mes clients. J’obtins rapidement le permis de construire. La connexion au réseau électrique et celle à l’eau courante ne tardèrent pas longtemps.
Un environnement agréable
Tout autour de mon chalet en bois, j’ai aménagé un bel espace vert avec des massifs de fleurs et des allées qui relient le petit parking et le chalet en bois. À droite en entrant, on contemple un bassin en pierre où nagent des poissons. Plus loin, on voit les premières plantations de mon potager. Ce sont des pieds de tomates qui sont suivies par des laitues et de la mâche. Puis viennent les légumes d’hiver : les carottes, les navets, les poireaux et quelques pommes de terre se succèdent dans un vaste rectangle de 22 m².
De l’autre côté, sur la partie gauche du chalet en bois, il y a une belle pelouse verdoyante. Le long du mur de délimitation, il y a de belles fleurs colorées et des hortensias qui s’élèvent chaque année un peu plus. Derrière le chalet en bois, j’ai installé une piscine couverte et un mini-golf. Quand mes enfants viennent passer la journée ici, ils peuvent jouer pendant des heures sans s’ennuyer. Ma femme adore cet endroit et elle a aménagé avec un goût certain le premier étage de ce chalet en bois en petit appartement d’appoint.
Certains étés, quand l’école est finie et quand la charge de travail est si importante que je passe de longues heures à réparer des chasses, des angles de coiffe, des nerfs et des mors, ma famille me rejoint ici. Nous pouvons alors passer une petite semaine sans revenir en ville. Ma femme se rend quotidiennement à son travail. Il faut dire que nous disposons de tout le confort pour être présentables et propres et pour manger sainement.
La cohérence d’un projet
La soirée a été agréable. Ma femme nous avait préparé un diner avec les légumes du potager et nos enfants ont été fort drôles. Au petit matin, je les ai déposés à l’école avant de me diriger vers le chalet en bois pour me retrouver dans mon atelier. Chaque jour, quand je pousse la porte, les effluves du cuir, des teintures, de la colle et du cirage me saisissent et je ressens immédiatement l’envie de réparer, de créer et de façonner.
Mais avant de commencer, je me prépare un café tout en survolant une revue spécialisée. Puis je me dirige vers la pièce du fond de mon chalet en bois, là où est entreposé mon dernier travail. J’enfile mes gants et je prends entre mes mains ce format in-quarto.
Alors que j’en admire encore les détails, j’entends la sonnette de la porte. Mon client est à l’heure. Je me dirige vers l’entrée et je viens lui ouvrir la porte de mon chalet en bois. C’est un homme sympathique et élégant. Il me fait des compliments sur les lieux et il s’attarde aux abords du petit bassin.
Je l’invite à rentrer et nous nous asseyons dans mon bureau. Entretemps, je vais récupérer son ouvrage et je le lui ramène sans tarder. Il le regarde, il le contemple, il le scrute. Il le retourne délicatement afin d’en apprécier tous les détails. Tout en faisant cela, il murmure par trois fois: « C’est du très beau travail. » Je suis heureux qu’il soit satisfait de mon travail. Finalement, nous emballons le livre dans un cartonnage protecteur et après avoir reçu le paiement de mon travail, mon client se retire.
Je suis à nouveau seul dans l’atelier de mon chalet en bois. Il est 11 h 30. Je regarde un livre dont la couverture verdâtre est très abimée. C’est une demi-reliure du XVIIe siècle. Dans 15 minutes, elle sera entre mes mains et au terme de plusieurs heures de travail, ce livre redeviendra un très bel ouvrage magnifiquement restauré.